Gabriela Adameșteanu, Gare de l’Est, Nouvelles traduites du roumain par Nicolas Cavaillès, Non Lieu, 2018.
Le Livre
Gabriela Adamesteanu raconte la Roumanie des années 1970-1980 dans six nouvelles qui scrutent avec une belle cruauté les relations de couple, les tensions entre collègues de travail ou l’absence de communication entre générations. Une mélancolie presque froide traverse ces micro-univers bien taillés, aux ressorts psychologiques transparents et émouvants.
Un coup de maître.
L’auteure
Gabriela Adameșteanu est née en 1942. Romancière et nouvellistes, elle est considérée comme l’une des voix les plus importantes de la littérature roumaine, aux côtés de Norman Manea et de Mircea Cărtărescu. Elle est notamment l’auteur d’Une matinée perdue (Gallimard, 2005), de Vienne le jour (Gallimard, 2009) et de Situation provisoire (Gallimard, 2013).
Morceaux choisis
« à côté de ça je suis sûr qu’avec toi il suffit de demander tu donnes tout l’argent qu’ils veulent
ils seraient bêtes de ne pas en profiter
vous êtes tous comme ça vous autres bohèmes
je vous connais tous par cœur
enfin ça reste ton argent tes amis
mais tu n’auras bientôt plus que ça tiens-le pour dit
et que je n’aille pas t’entendre quand l’hiver sera là et que tu n’auras pas de manteau ni de bonnet ni de bottes
vu ton âge tu aurais eu bien assez de temps pour t’habiller comme une vraie femme
mais non toujours tes vielles nippes élimées tachées quelle surprise si tu n’accroches pas l’ourlet
pour être franc ça m’ôte l’envie de passer la porte de l’immeuble
juste pour que tu arrêtes de me seriner tes pourquoi on sort jamais
où veux-tu qu’on sorte
avec qui »
(Gabriela Adameșteanu, Dialogue in Gare de l’Est, Nouvelles traduites du roumain par Nicolas Cavaillès, Non Lieu, p. 172)
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